Athéna D. Hawkins

Je m'appelle Athéna Daphne Hawkins. Je vais aujourd'hui vous conter mon histoire. Elle aurait pu mal commencer, elle aurait pu mal se dérouler, mais non. Ce n'est pas l'histoire d'une âme torturée, mais celle d'une jeune fille épanouie, heureuse de ce qu'elle a...

Mes parents se sont rencontrés au lycée. Ils y étaient toujours lorsque j'ai été conçue. Stéréotype parfait du couple populaire en devenir : elle était cheerleader, il était dans l'équipe de football de l'école. Ils n'avaient que 16 ans lorsqu'elle est tombée enceinte de moi. Ils ont été pointés du doigt. Ma mère voulait avorter, mais il était trop tard. Et mon père s'y est opposé. Elle a voulu me faire adopter, mais il a refusé aussi. Il voulait prendre ses responsabilités. Après ma naissance, elle a disparu, ses propres parents ayant déménagé pour ne pas "subir sa réputation de dévergondée", d'après ce que m'a dit mon père. Alors il m'a gardée, parce qu'il m'aimait malgré son jeune âge.

Il a sacrifié beaucoup pour moi : il n'a jamais terminé ses études, choisissant l'émancipation plutôt que l'adoption, comme le réclamaient ses parents à lui. Il a trouvé un emploi dans un société de construction. Ce n'était pas le meilleur salaire, mais ça lui permettait de vivre et de subvenir à nos besoins à tous les deux. Il s'est débrouillé. Moi, je n'ai jamais manqué de rien, et j'avais le meilleur papa au monde.

J'ai toujours été consciente que nous n'étions pas la famille la plus riche en ville. Du moins matériellement. Mais jamais, je n'aurais voulu échanger ma famille contre une autre. La relation que mon père et moi avions était si fusionnelle que cela me suffisait. C'était nous contre le monde. Enfin, nous et son meilleur ami depuis le jardin d'enfants, qui me servait accessoirement de parrain...

J'ai donc grandi en étant entourée de pas mal d'hommes. Que ce soit mon père, mon parrain, ou encore les collègues de mon père. Ils formaient une vraie petite famille. J'étais habituée à avoir ces mêmes personnes près de moi. Elles me suffisaient.

C'est lorsque je suis arrivée au collège que certaines choses ont changé. Là, lorsqu'on n'est pas vraiment sociable, qu'on s'habille au rabais, et qu'on mange son propre lunch, on peut se dire que l'intégration ne sera pas des plus aisées. C'est ce qu'il s'est passé. Ajoutez à cela une intégration dans le club de sciences et de mathématiques, ainsi que l'engagement dans un club luttant pour l'environnement, et vous obtenez le modèle-type du paria social.

Au lycée, ce n'était pas mieux. C'était même pire. Sauf pour la première année. Car un de mes amis était aussi présent dans cette école. Ce n'était pas un paria, mais le roi. Capitaine de l'équipe de football et fils du patron de mon père. Un membre de la famille, quoi. Surtout que j'y travaillais parfois le week-end pour donner un coup de main au niveau administratif. Ca aidait mon père, et ça m'occupait. Que demander de plus ?

A la maison, mon père m'a initié à sa passion secrète depuis toujours : l'histoire. Avec une grande préférence pour la mythologie greco-romaine. Je découvris ainsi d'où provenait mon prénom : Athéna. La déesse de la sagesse et de la stratégie guerrière. Je compris donc d'où me provenait ce surnom dont il m'affublait depuis des années "Ma petite warrior". Moi, je m'étais développée une autre passion : l'ingénierie. J'adorais construire et inventer des trucs. Du plus inutile au plus utile. Inutile de dire que mes projets scolaires nécessitant de l'huile de coude étaient toujours impeccablement réussis. D'ailleurs, lors de ma dernière année de lycée, mon projet de science pour la transformation des énergies fut classé 3ème à un concours national scientifique. Cela ne m'accorda pas une bourse d'étude pour une des plus grandes universités du pays, mais cela me permis de gagner une petite somme, suffisante pour les frais de scolarités de l'université du coin : la Monroe University.

J'ai donc été acceptée à la Monroe University. C'était le bon plan pour moi : je pouvais rester chez moi, avec mon père. Continuer à prendre soin l'un de l'autre. J'ai choisi la filiale scientifique. Autant rester dans les amours de jeunesse. J'ai aussi rejoint la fraternité Free Minded dès ma première année. Histoire d'intégration, et puis ils ne semblaient pas être une bande de débiles babillant et caquetant. Avec mon entrée dans la confrérie est venue un lit dans leur villa. En l'apprenant, mon père a non seulement sauté de joie, mais il m'a aussi presque mise à la porte en me disant qu'il fallait que je m'ouvre aux autres. Alors j'ai emménagé là. Mais je rentre quand même chez moi chaque week-end. Un petit changement à la fois !