Le cours vient tout juste de se finir, et je me rue presque jusqu'à la sortie. Je tremble un peu, et je sais à cause de quoi, alors je pars m'enfermer dans les toilettes pour me faire une ligne rapidement, histoire de calmer le manque. Je reste assise dans les toilettes un petit moment, les yeux fermés, en attendant que ma respiration se calme, histoire de me sentir un peu mieux. Une brique de jus d'orange siège au fond de mon sac et j'en aspire le contenu goulûment. Je commence à aller mieux, et je me relève en soupirant légèrement, avant de sortir de la cabine et de croiser quelques demoiselles de deuxième année qui me regardent un peu étrangement, tandis que je me contente de leur adresser un léger sourire et d'aller jusqu'à un lavabo. Je fais peur à voir ; des cernes, les cheveux en bataille, mon maquillage a même coulé. Je suis ridicule, et je comprend mieux les regards que ces filles ont posés sur moi. Peu importe. Je sors de quoi refaire mon maquillage et ma coiffure, et prend le temps de me réarranger jusqu'à ce que le résultat ne me convienne. Maquillée, coiffée et habillée comme je le suis, je ressemble à une jeune femme sage et responsable, et cette idée me fait esquisser un sourire. J'aime les tailleurs, et j'en porte un, justement, qui masque un peu le poids qui me manque. Mon maquillage paraît léger, mais il n'en est rien ; le fond de teint, le correcteur, la poudre et l'anti-cernes font un travail miraculeux sur ma peau cireuse en lui rendant un certain éclat. Quant à ma coiffure, j'ai toujours aimé les chignons tirés et serrés, et pas une mèche ne dépasse.

Je fini par sortir des toilettes, après y avoir passé bien trop de temps, et quelques membres de ma confrérie me saluent d'un signe de main ou de tête que je leur rend avec un grand sourire tout en leur lâchant « N'oubliez pas, soirée électro/trance ce soir ! » avant de partir dans la direction opposée. Et de passer à côté d'un jeune homme que je n'avais encore jamais vu par ici. Et, à en croire la tonne de papiers qu'il trimballe dans ses mains, il n'a pas dû beaucoup voir cet endroit, lui. Je recule un peu, pour arriver à sa hauteur, et je lui adresse un léger sourire. Je n'ai plus cours avant le milieu d'après-midi, de toute façon. « Salut. T'es nouveau ? » Je lui demande gentiment, en venant l'aider avec ses papiers qui commencent à vouloir s'enfuir de ses mains. « Je m'appelle Chamya, je suis en deuxième année. J'te donne un coup de main, si tu veux, je connais cet endroit par cœur. » Et puis, ça m'occupera...

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Effectivement, le jeune homme qui se trouve devant moi me confirme qu'il est nouveau, et je lui souris un peu plus. Je suis toujours assez surprise de voir de nouveaux élèves en cours d'année ; je me demande souvent ce qui peut pousser des gens à changer d'université pour Monroe. Il n'y a rien, vraiment rien, qui justifie de le faire... mais soit. Il me sort des mots en hawaïen, et je ris un peu. Première réaction lorsqu'on ne comprend pas vraiment une langue. Quoi que je maîtrise un minimum le "Aloha" que je connais en grande partie grâce à Lilo et Stitch... Et on ne se moque pas, chacun fait son éducation comme il peut ! Quoi qu'il en soit, me voilà à aider un petit nouveau... Petit nouveau avec un prénom imprononçable, d'ailleurs. On n'a pas idée de s'appeler Kealoha. Alors, avec un léger rire, je ne peux pas m'empêcher de lâcher « Je vais t'appeler Kea, hein, ça te dérange pas ? J'aurais oublié ton prénom complet d'ici trois minutes, autant limiter les dégâts. » que je ponctue d'un nouveau rire, avant d'ajouter ; « Tu peux m'appeler Cham, d'ailleurs, si tu préfères. Ça m'est un peu égal. »

Je lui propose mon aide, et je le vois l'accepter immédiatement. Je retiens un nouveau rire qui cherche à s'échapper, de justesse, et prend la convocation qu'il me tend et que je lis rapidement. « Cursus sportif, hein ? Pas mal... » Je lui fais un clin d’œil, avant de rire. Qu'il ne pense pas que je le drague ; je ne suis pas vraiment attirée par le genre masculin. « L'administration est là-bas, t'étais pas très loin. Je t'y emmène, et je te ferai visiter le reste, ensuite, si tu veux. Histoire que tu puisses repérer un peu les lieux. Tu vas voir, c'est pas si compliqué que ça, t'es pas tombé dans la plus grande des universités. Et je crois que tes cours sont tous dans le même bâtiment, en plus, tu devrais te repérer assez facilement. Tu me suis ? » Je commence à marcher vers l'administration, après lui avoir pris quelques papiers pour le désencombrer.

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Ce nouveau a l'air plutôt... sympa, je crois. Il capte très vite que je ne comprend pas ce qu'il dit, me fait même la traduction, et je ris un peu plus sincèrement, sans forcément me moquer. Au moins, on peut dire qu'il n'a pas fallu très longtemps pour briser la glace. Je lui fais une petite remarque sur son cursus, et il m'explique que le sport est toute sa vie. Je ne peux pas vraiment m'empêcher d'avoir un léger sourire mi-attendri, mi-envieux. Lui, au moins, a un but sain dans sa vie. Moi, je reste coincée avec la fête et la drogue ; pas très glorieux. Mais je ne dis rien, je sais d'avance que me lancer dans ce genre de conversation me ferait sincèrement du mal. Je suis certaine que je dois être pathétique, à côté de ce mec. Je soupire légèrement, avant de me reconstituer un visage neutre ; je n'ai pas envie de faire la gueule ici et maintenant. Pas alors que je viens de lui proposer mon aide. Je me force à revenir à l'instant présent ; ses papiers, et l'administration. Sans perdre une seconde de plus, je m'active, le guidant à travers les couloirs. Je ne vais pas si souvent que ça au secrétariat, mais je connais suffisamment cet endroit pour ne plus m'y perdre.

Arrivés devant les bureaux, Kea me remercie et je me contente de lui faire un léger sourire en haussant les épaules. Ce n'est pas grand chose, en fait. Et ça me permet de passer le temps, même si j'aurais certainement mieux fait de préparer la soirée de ce soir. Mais elle finira comme toutes les autres ; la House of Fun finira dans un état pitoyable, il y aura de l'alcool, de la drogue et du sexe dans tous les coins et on aura tous du mal à émerger demain matin. La routine, en somme. Donner un thème à nos soirées n'est qu'une excuse pour les organiser, finalement. Kea part finaliser son inscription, et je reste dans le couloir, à l'attendre, en ressortant mes cours. Il me semble qu'on aura un examen sur les peintres contemporains, dans pas si longtemps que ça, et je me rend compte que je ne connais pas grand chose de ce cours là. Ma propre faculté à me mettre des bâtons dans les roues m'impressionne autant qu'elle me désole et, en m'asseyant par terre contre le mur, j'essaie vainement de rattraper le retard que j'ai pris. J'ai bien conscience que ça ne sert pas à grand chose ; même si je reconnais les noms qui défilent sous mes yeux, mon cerveau n'a pas l'air de vouloir beaucoup coopérer. Et alors que je commence à peine à réussir à me concentrer, Kea ressort de l'administration.

Je lui souris légèrement, avant de me relever en rangeant mes cours dans mon sac. « Je t'attends dehors, okay ? J'ai besoin de fumer. C'est pas hyper compliqué, tu prend ce couloir là et c'est tout droit, tu peux pas te planter. Je t'attendrais près de l'entrée, comme ça t'auras pas besoin de me chercher. Et t'inquiète, hein, je pense que c'est juste pour des formalités. Je t'attends dehors. » Je lui adresse un dernier sourire, avant d'aller vers la sortie, et d'allumer une cigarette aussitôt la porte passée. Il faudrait que j'arrête ça, aussi, un jour... Un jour, ouais.

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Comment ne pas remarquer cette tristesse qui s'est installée brutalement dans le regard de mon interlocuteur ? Je ne comprend pas, et mes sourcils se froncent un peu d'eux sans pour autant que je n'ose vraiment lui demander ce qui ne va pas. D'autant plus qu'il fini par me sourire. J'imagine que ce n'est pas grand chose, peut-être un mauvais souvenir... Peu importe. Je vais dehors, allume ma cigarette et consulte rapidement mon téléphone. Quelques nouveaux sms, la plupart inintéressants, et je soupire légèrement avant de ranger l'appareil dans mon sac. Ma cigarette se consume, j'en allume une deuxième dans la foulée sans vraiment le capter, avant de vérifier rapidement que Kea ne revient pas pour me faire une ligne de poudre blanche.

Lorsqu'il revient, j'ai encore les yeux fermés, et je sursaute un peu en remarquant sa présence, avant de rire légèrement en rangeant rapidement le pochon avec le reste de cocaïne dans ma poche. Pas très discret, je l'admet, mais je n'avais pas spécialement prévu qu'il revienne tout de suite. « Alors, ce grand méchant proviseur ? » je lui adresse un léger sourire amusé, avant de venir lui prendre le bras. « Bon, faisons cette petite visite, alors. T'as sûrement déjà vu l'extérieur, les terrains de sport sont là-bas avec le parc. Le plus intéressant, c'est de te faire visiter l'intérieur. Tu comptes essayer de rejoindre les Run Fast ? » J'aime bien cette confrérie, ils ont vraiment un style de vie que je leur envie. Mais ça, je ne l'avouerai probablement jamais.

Je commence à l'emmener un peu partout, en lui montrant les trucs les plus intéressants. Mais finalement, c'est la conversation qui m'intéresse vraiment. Et le jeune homme en lui-même. J'aime bien les nouvelles rencontres, et Kea a l'air sincèrement gentil. Alors, pourquoi pas profiter de ce petit tour du propriétaire pour en apprendre davantage à son sujet ?

Il compte rejoindre les Run Fast, et je souris un peu plus. « Tu as le profil, en tout cas. Je pense que ça ira. » Je connais quelques membres de cette confrérie. Ils ont le sport dans la peau, et une véritable passion. Et de ce que j'ai cru comprendre, c'est aussi le cas du nouveau. « Ils sont sympa dans cette confrérie, je les aime bien. » j'ajoute, avec un nouveau sourire, en l'emmenant dans les couloirs pour continuer la visite. Et puis, il fini par demander dans quelle confrérie je suis, et je ne peux pas m'empêcher de rire légèrement. « Je suis la présidente des Party Hard. » Oui, rien que ça. Simplement dire ceci en dit déjà long sur ma personnalité.

« T'auras qu'à venir, à la prochaine fête, je t'invite. Ça te fera rencontrer des gens. Et promis, on ne mord pas, et il n'y a que les membres de la confrérie qui sont obligés de boire. » Je ponctue ma phrase d'un rire, en ajoutant immédiatement ; « Je plaisante, hein. Moi-même, je n'aime pas l'alcool. Mais viens, hein. On fait une fête, ce soir, t'es le bienvenu. Parce que t'es nouveau. »

J'éclate de rire face à la réaction de Kea, lorsque je lui dis quelle est ma confrérie. « Cool, ouais. Mais très sélective, j'y tiens beaucoup. » Clairement, tout le monde ne peut pas entrer chez les Party Hard ; il faut faire ses preuves. Nous avons une réputation à tenir, et s'il y a bien une chose que je ne supporterai pas, c'est que cette réputation soit entachée par des gens qui ne sont pas à la hauteur. Je ris à nouveau à ce qu'il dit ensuite, lorsqu'il avance que je dois m'amuser et rencontrer des gens tout le temps. « Ouais, c'est un peu l'esprit. J'ai deux ou trois obligations, et c'est pas toujours hyper simple de gérer les lendemains de soirée, mais au moins je me souviendrais de mes années à l'université. »

Finalement, je décide de l'inviter à notre petite fête de ce soir. Cela ne peut pas lui faire de mal, de rencontrer de nouvelles personnes, et il faut bien l'intégrer. Et quel meilleur moyen pour s'intégrer que de faire la fête ? Et puis, je l'aime bien, il a une bonne tête. Il s'empresse d'accepter et je lâche un nouveau petit rire, tout en lui montrant les étages. Je lui explique rapidement où se trouvent telle ou telle salle, avant de finir par le faire aller dans l'espace détente. Là, je lui adresse un léger sourire sincère. « Alors, je te vois ce soir. Si on refuse de te laisser entrer, demande après moi, je te ferai passer. »

Mon portable vibre, je m'excuse rapidement, avant de voir un texto de James et de sourire légèrement. « Donc, voilà. Je pense que je t'ai montré la plupart des choses intéressantes à voir. Je pense que t'auras pas de mal à trouver la House of Fun, ce soir. Tu veux mon numéro ? Comme ça, si tu as besoin d'aide ou quoi que ce soit, tu pourras me contacter ! Je vais devoir y aller, moi, on m'attend et il faudrait que j'essaie de réviser un peu... Je peux te laisser là ? » Je souris légèrement, attendant qu'il me dise que je peux y aller, simple politesse...

Je ne sais pas vraiment si notre bizutage est très difficile, sa question me pousse à me poser la question. Peut-être qu'il peut l'être, d'une certaine façon. Disons que l'on décourage très vite ceux qui pensent qu'il suffit juste d'aimer un peu la fête ; il faut aussi savoir en vivre. Je souris à Kea, avant de hausser les épaules. « Si on aime faire la fête, notre bizutage n'est qu'une simple formalité... Mais si on n'est pas prêt à tous les excès, ça peut vite devenir un véritable Enfer. » Je crois que c'est ce qui est le plus proche de la réalité. Nous discutons encore un peu, de ma confrérie surtout et du fait que je me souviendrai longtemps de mes années universitaires.

Et puis, James m'envoie un texto. Alors, j'essaie poliment de prendre congé de mon interlocuteur. Nous échangeons nos numéros, et il me remercie. Je lui offre un énième sourire. « C'est rien, ça m'a fait plaisir. » dis-je, avec une certaine honnêteté. J'ai apprécié de le rencontrer, je crois. Je lui fais un dernier petit signe de la main, avant qu'il ne s'éloigne et que j'en fasse de même, me dirigeant alors vers la House of Fun. Officiellement, pour réviser... officieusement, simplement pour passer un moment sympa avec mon meilleur ami.