Capucine || Fellow warriors, I ask you : should my campaign come to an end ?

MILLE SOLEILS : C’est à Versailles que Capucine voit le jour le 18 Août 1994, dans un splendide appartement de cette ville parmi les plus célèbres de l’histoire de sa très chère France. Dix-huit années d’un règne paisible et silencieux s’y écoulent ; à l’exception d’une tentative de rébellion au début de son adolescence afin de se faire entendre de ses parents trop souvent absents, Capucine est discrète car seule. Seule en haut de son trône au dernier étage d’une magnifique villa dont la vue pourtant princière ne l’intéresse pas, car elle préfère se focaliser sur un monde où on a vraiment quelque chose à faire de son existence.

LES COUDES SUR LA TABLE : Capucine n’est pas éduquée par ses parents mais par le personnel de maison. Ses géniteurs, brillants analystes propriétaires d’une chaîne de laboratoires, se déplacent dans le monde entier pour ne lui donner que des nouvelles erratiques tout en faisant semblant de se soucier de son épanouissement. Capucine est donc engueulée à quatre mille kilomètres de là quand elle a une mauvaise note en mathématiques, conseillée à six mille sur un professeur de chant dont elle doit suivre assidûment les cours, et félicitée avec trois mois de retard pour un diplôme qu’elle a peiné à avoir, parce qu’elle n’a personne à impressionner, sinon elle-même. Alors, Capucine apprend à compte sur elle-même, et lorsque de grands changements interviennent dans sa vie, elle les gère à sa manière, seule et sans attaches. Elle est belle, la fille Lefebvre, et elle se tait.

ENTRE LES LIGNES (de code) : A neuf ans, sage Capucine lève les yeux de son manuel de solfège à la sortie de son cours de chant hebdomadaire pour rencontrer le regard pixelisé d’un ordinateur, et c’est le coup de foudre. Elle tâtonne dans le monde du jeu vidéo pour s’y fonder une réelle place par la suite. Elle s’y fait des amis, qu’elle retrouve tous les jours sur l’ordinateur familial pour se plonger dans des mondes créés de toutes pièces, absolument pas réels, mais dans lesquels elle semble absolument s’épanouir. Passionnée de mondes fantastiques, Capucine cultive son imaginaire à coups de sortilèges, de quêtes épiques et d’énigmes complexes.
Mais à partir de douze ans, Capucine se pose des questions, Capucine s’interroge sur le monde et veut le comprendre ; le monde réel ne la comprend décidément pas, alors elle s’enferme davantage dans le monde virtuel, décèle les erreurs de scénario, les bugs de texture. A la mathématique des notes de musique se joint bientôt la mathématique des codes informatiques, et poussée par ce qui est au départ un loisir, Capucine rencontre et apprend un nouveau langage, dans lequel elle est enfin comprise.

HOTEL CALIFORNIA : Ses parents reviennent dans sa vie au moment où elle s’y attend le moins. Apparemment pour pouvoir la voir plus souvent, ils organisent le déménagement de toute la petite famille de la France aux Etats-Unis. Ce que Capucine ne sait pas, c’est que c’est pour préparer doucement mais sûrement la rencontre avec son futur fiancé, James Carroll, avec qui elle a été liée sans même le savoir par ses parents, il y a quelques années, déjà. Ce n’est pas un voyage, ce ne sont pas des vacances ; l’hôtel devient une résidence principale. Capucine s’acclimate à la Californie puisque de toute façon, elle ne voit pas beaucoup la lumière du jour, perdue entre ses notes de musique, ses lignes de code et ses mondes fantastiques. C’est pourtant ici qu’elle fait malgré elle sa première tentative d’émancipation : inscrite à son insu à un concours de chant, elle le remporte, et est reconnue pour la première fois par de réels êtres humains dans un domaine qu’elle aime. Malheureusement, c’est bien son seul talent démontré, car malgré le potentiel décelé par ses professeurs – notamment en mathématiques et en arts plastiques – les notes de Capucine continuent de chuter.

J’AURAIS VOULUE ÊTRE UNE ARTISTE : Son père la veut médecin, comme sa mère et lui, mais surtout il ne veut pas d’une idiote pour descendante. Capucine est bientôt en âge d’être mariée, elle va donc participer à l’image de la famille et il est hors de question qu’elle n’ait pas le cachet de ses parents. Une bataille s’engage. Capucine crie, Capucine pleure, Capucine fait des caprices, mais Capucine arrive à négocier : elle fera des études, mais seulement si c’est en musique, car elle veut que l’informatique reste un loisir où elle ne sera pas jugée. Sa mère apaise son père, qui abandonne, pensant que personne ne voudra d’une fille avec de si mauvais résultats, et que cette dernière devra donc relativiser. Pourtant, à la surprise générale, Capucine est acceptée à Monroe University. Elle y est lâchée comme dans une garderie. Elle y trouve son compte, ses parents disparaissent de nouveau ; tout le monde est content.


MORTAL KOMBAT : La marginale Capucine veut rester discrète, à gratouiller sa guitare dans un coin et chantonner dans les chiottes à dix-huit heures quand tout le monde est rentré chez soi ; mais elle est attirée par le défi comme par un aimant, surtout quand il s’agit d’un défi lancé par un ordinateur. Un soir, elle sort de cours, et elle croise plusieurs élèves agglutinés comme des fourmis autour de deux étudiants en versus sur leurs ordinateurs. Elle se penche par dessus l’épaule de l’un d’eux et commente sa technique pourrie à l’issue d’une défaite ; on se fout de sa gueule, elle prend sa place, bat en quelques manipulations son adversaire à plate couture. Devant l’étonnement général, on lui propose une petite place dans la confrérie de Thinking Different, et celui à qui elle vient de mettre une raclée n’est autre que Leopold Donovan.

TEAM ROCKET : Malgré son manque de sociabilité, Capucine s’est rapidement acoquinée de James Carroll – oui, oui, son-fiancé-qu’elle-ne-le-sait-pas-et-lui-non-plus – qui est un véritable jumeau maléfique. Elle est sa Jessy, il est son James – ils cherchent toujours Miaouss. Ils ont des caractères totalement différents, mais se sentent bien ensemble : elle est marginale, il est exubérant ; elle se tient tranquille, il fait des conneries en permanence ; elle vit en virtuel, il vit en réel ; elle se drogue en ligne de codes, il se drogue en...autre chose, peut-être, on sait pas ; il touche à tout, elle est ignorante dans un grand nombre de domaines. Pourtant, ils se trouvent – ou plutôt, selon Capucine, se retrouvent, car elle a cette permanente impression de l’avoir déjà croisé quelque part, autrefois. Ils ont ce même petit caractère d’enfant gâté qui les rend aussi insupportables qu’attachant – et attachés – ensemble, et cette spontanéité qui peut les faire disparaître dans la nuit, sur la stupide et subite idée qu’ils gouverneront un jour le monde.

CARAPUCE : Capucine est une douche froide, homologue nocturne du soleil Donovan avec qui elle partage aujourd’hui le pouvoir à la tête des TD ; marginale, sèche, hautaine et serrée dans un style vestimentaire étrange, elle se pare pourtant de la tendresse du pokémon d’eau auquel Donovan la compare pour la faire chier - en référence à la première syllabe de son prénom, et l’un des premiers jeux sur lesquels ils se sont affrontés – lorsqu’elle rencontre quelqu’un qui a la même passion qu’elle. Alors, elle endosse le caractère que tout le monde lui connaît sur la toile, celle d’une femme sociable, enjouée, spontanée, maternelle et protectrice avec les petits nouveaux curieux de découvrir ce monde qu’elle connaît par coeur ; c’est ainsi qu’elle prend finalement son rôle de co-présidente de la confrérie TD très sérieusement, prenant notamment sous son aile depuis peu la jeune Ayanna Atkins envers qui elle voit un grand potentiel. Mais dans le monde réel, elle referme sa carapace de Carapuce, énigme blonde aux secrets à peine évoqués dans les vibrations des cordes de guitare résonnant au fond du couloir.
Mal programmée, couverte de différents bugs, difficilement mise à jour, Capucine est une ligne de code en roue libre qui essaie de faire de son mieux. Vierge d’amour et de sexe, hostile comme un buisson d’épines quand on ne sait pas comment la prendre, elle n’est pourtant qu’un bouton de fleur à la fragile carapace, qui ne demande qu’à éclore pour devenir un Bulbizarre.