i don't understand this feeling. ▬ feat Stella.

I don't understand this feeling

Stella
feat.
Ayanna

	“C’est comme un coup qu’on reçoit là, pan ! dans le creux de l’estomac. Très curieux le coup de foudre !”
10h15. Je me tiens devant le bureau d'une nouvelle psychologue. Que je ne connais pas. Mon psychiatre m'a dit qu'elle s'appelait Madame Brown-Cavanaugh, sans me dire son prénom. Il n'aime pas donner les prénoms de ses collègues, je crois. Il ne le fait jamais. Il m'a dit qu'il avait été en contact avec elle via téléphone, qu'il lui avait expliqué ma pathologie, et mon passif. Et, puisqu'il a eu les autorisations nécessaires, il lui a également transférer mon dossier. Effectivement, c'est mieux pour reprendre une thérapie qui dure depuis huit ans d'en savoir le contenu, j'ai même trouvé très bête qu'il me précise tous ces détails. Des détails évidents, d'après moi. Mais je reste intimement convaincue que les psychiatres sont stupides. Je ne sais pas encore si Madame Brown-Cavanaugh est stupide également, mais je vais le découvrir très rapidement. Je fini par entrer dans la pièce qui nous servira de lieu de rendez-vous, après avoir frappé et avoir attendu sagement d'avoir la permission d'entrer. Je ne suis pas une sauvage. Mécaniquement, mon regard parcourt la salle, sans que je ne porte la moindre attention à la femme qui se trouve dans la pièce. Manque de décoration notable, mon intérêt très bref est perdu avant même d'avoir réellement existé, et mon regard se pose enfin sur la professionnelle qui aura la lourde tâche d'essayer de faire quelque chose avec moi. Et là, mon souffle se coupe brutalement. Si brutalement que j'en perd la respiration et que je me recule violemment en écarquillant les yeux. Cette femme est... Cette femme est magnifique. Je n'ai pas d'autres mots pour la décrire, et mon palpitant s'affole sans que je n'arrive à en comprendre la raison. Me calmer. Il faut que je me calme. « Je vais bien. » Ma voix est un peu cassée, alors que je déglutis, et que je me force à tousser. « Vous êtes belle. » dis-je enfin, comme pour expliquer ma réaction. « Les gens me paraissent fades, mais vous, vous êtes lumineuse. Vous êtes belle. » Eh bien, comme entrée en matière, on peut difficilement faire pire. « Je... Je dois m'asseoir ici, je suppose ? Vous êtes... » belle. Belle, elle est belle, beaucoup trop belle. Je ne comprend pas, je déglutis. « ... supposée m'aider, c'est ça ? » Voilà, c'est mieux. Se calmer. Je ne comprend pas. Je suis perdue. Pourquoi est-ce qu'elle est si belle ? Je baisse le regard. Ressentir, ce n'est pas pour moi, c'est trop fort, trop brutal. C'est douloureux. Si je ne la regarde pas, ça disparaîtra. Ça doit disparaître.
© Gasmask

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Ayanna & Stella

Je devais me dépêcher un peu si je voulais être à l'heure pour ma consultation qui avait lieu à l'université. C'était pas forcément toujours facile de jongler entre le cabinet et les consultations externes mais en même temps j'aimais ne pas avoir un minute à moi. Bref, j'avais garé ma voir sur le parking comme à mon habitude avant de prendre mes affaires et de sortir de ma voiture pour me diriger vers le bâtiment administratif. Un demi croissant dans la bouche, je faisais mon possible pour ne rien perdre en route et avec un peu de chance j'aurais le temps de me prendre un café, enfin si on pouvait appeler ça du café. J'avais traversé les couloirs qui me menaient à bon port avant de laisser un sourire se dessiner sur ses lèvres. Nicholas était un peu plus loin entrain de discuter avec une étudiante. J'avais cependant froncé les sourcils en voyant son sourire. Bien évidemment, il avait le droit de sourire à une étudiante cependant quelque chose me dérangeait sans que je puisse réellement savoir ce que c'était. J'avais passé une main dans mes cheveux avant de secouer la tête, je me faisais de nouveau des films. J'étais pas du genre jalouse en général, j'avais confiance en Nicholas et ça n'allait pas changer aujourd'hui.

Un gobelet de café dans les mains et le reste de mon croissant dans l'autre, j'avais le regard posé sur le dossier ouvert de la jeune fille avec qui j'avais une séance. J'avais fait une moue car cette jeune fille avait des années de psychanalyses derrière elle malgré son jeune âge. C'était pas un problème pour moi de prendre le relais mais en général ça se passait pas très bien. En même temps, devoir parler devant une inconnue n'était, bien souvent, pas l'idéal. J'avais mangé la fin de mon croissant et avalé une gorgée de mon café avant d'entendre frapper. _ Entrez. J'avais levé mon regard sur la jeune femme qui passait le pas de la porte. Un léger sourire sur les lèvres, je m'étais bien évidemment présentée avant de lui demander si elle allait bien ? C'était normal de poser la question même si je n'avais pas encore vu son regard oser se poser sur moi. J'avais quelque peu froncer les sourcils, légèrement surprise par la remarque de la jeune fille. _ Merci. C'était pas la première fois qu'un patient lui faisait remarquer mais bien la première fois que ça le soit par un jeune femme. Mon regard se posait de nouveau sur la jeune femme avant de lui présenter le fauteuil pour qu'elle s’assoit. J'avais dans l'idée de faire connaissance avec Ayanna et cette séance n'irait pas plus loin à moins que la jeune femme n'en ressente le besoin.

_ C'est bien ça Ayanna, vous me permettez de vous appeler Ayanna ? C'était pas très formelle, je le savais très bien mais en général j'étudiais attentivement les dossiers avant de savoir si oui ou non je pouvais me le permettre. Dans le cas de cette demoiselle rien ne semblait s'y opposer à moins bien sûr que ça ne vienne d'elle. _ Je suis supposée t'aider, si tu es disposée à me laisser faire. J'avais repris place dans le fauteuil derrière le bureau alors qu'un léger sourire était toujours présent sur mes lèvres. _ Si on commençait par le début. Qu'est-ce que tu attends de moi Ayanna ? J'avais attrapé un stylo alors que je le faisais tourner entre mes doigts. Question déstabilisante ? Pas vraiment, mais j'aimerais savoir réellement ce que cette jeune fille attendait de nos séances.

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Stella
feat.
Ayanna

	“C’est comme un coup qu’on reçoit là, pan ! dans le creux de l’estomac. Très curieux le coup de foudre !”
Je m’assois, en refusant toujours de la regarder. J'acquiesce simplement lorsqu'elle me demande si elle peut m'appeler Ayanna. Je trouverai ça grotesque, de toute façon, qu'elle m'appelle par mon nom de famille ; les prénoms sont censés être usuels, donc faits pour être utilisés. Je dois laisser mon cœur se calmer un peu, et je dois faire abstraction de sa beauté. Ce n'est qu'une psy. Et je me fiche des psy. Je me fiche de tout le monde. Alors je veux me fiche de cette femme. J'entre dans un rapport de patient/psy et je suis soulagée de constater qu'elle en fait de même. Pourtant, je ne la regarde toujours pas. Je croise les bras, comme pour me protéger d'une éventuelle menace. Mais une femme aussi belle ne peut pas être une menace. Elle est supposée m'aider, elle le dit elle-même. « Je ne vois pas pourquoi je ne vous laisserez pas faire, ça n'irai pas dans mon sens. » Ce qui est vrai. Si je refuse les séances avec elle, je peux dire adieu à l'université. « Si on commençait par le début. Qu'est-ce que tu attends de moi Ayanna ? » Je me retiens de relever le regard sur elle. D'habitude, j'ai toujours cette tendance à planter mon regard dans celui de mon interlocuteur, c'est même marqué dans mon dossier car mon psychiatre dit que c'est un élément significatif de ma pathologie. Mais là, je refuse de le faire. Je hausse les épaules, en essayant de me concentrer sur sa question. « Je ne sais pas, c'est mon psychiatre qui veut que vous me suiviez. » J'essaie de retrouver mon éternelle neutralité. « J'aurais bien aimé que vous soyez laide, par contre. » Là, j'ai réussi à rendre ma voix neutre, presque froide. La prochaine étape sera de la regarder. « J'ai conscience de ma pathologie, et je sais également qu'elle ne peut pas être définitivement soignée, mais simplement contenue. Et votre rôle est le même que celui de mon psychiatre, à savoir m'aider à contenir mon ultra-violence et mes pulsions sadiques. » Voilà, parler devrait m'aider. « Je sais également que ce que vous écrirez dans vos rapports me concernant pourra, ou ne pourra pas, me permettre de faire une année complète ici. Et puisqu'il n'est pas dans mon intérêt d'être retirée de l'université, je serai parfaitement coopérative pendant nos séances. » Je relève un peu le regard, m'arrêtant sur sa bouche. Je ne me sens pas encore prête à soutenir son regard, mon cœur recommence déjà à battre plus vite alors que je ne la regarde qu'à peine. « Donc, si je veux rester logique, j'attends de vous d'être en mesure de m'empêcher d'éclater le crâne des autres étudiants, de m'empêcher de les tuer, de m'empêcher de m'amuser à les torturer et de m'offrir une stabilité émotionnelle qui saura empêcher à ma colère d'être omniprésente. Ce qui ne veut pas dire que je vous fait confiance, et ce qui ne veut pas dire non plus que je vous ferai confiance un jour. » Je puise dans toute ma volonté pour remonter et planter mon regard dans le sien, et mes doigts se crispent un peu sur les rebords du siège alors que mon cœur s'affole. Mais je prends sur moi. J'étais préparée, cette fois. Et j'arrive même à offrir à la magnifique femme qui se trouve en face de moi un sourire froid et purement poli.
© Gasmask

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